Communiqué de presse du 21/06/2023
Les personnes salariées et bénévoles de l’association Léa Solidarité Femmes, association affiliée depuis 2015 à la Fédération Nationale Solidarité Femmes, qui agissent dans le seul intérêt des femmes et des enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales, ont été particulièrement choquées et affectées par le ton et les éléments contestables contenus dans l’Edito du Journal de la Ville de Yerres de mai 2023 ainsi que dans l’article du Parisien du 23/05/2023 intitulé « Essonne : le maire de Yerres dénonce une « dérive » et coupe ses aides à Léa Solidarité Femmes ».
Depuis 2009, l’association est devenue un acteur incontournable et indispensable dans la protection des femmes et enfants victimes de violences conjugales et intrafamiliales, tant pour leur mise en sécurité, que pour l’hébergement transitoire et leur accompagnement.
Depuis sa création, 3304 femmes et 5041 enfants ont été accompagné.e.s par l’association, soit un total de 8 345 victimes, dont 643 yerroises avec ou sans enfant.
En 2011, l’association ouvre ses premières places d’hébergement : depuis, 380 femmes et 575 enfants ont été hébergés, soit un total de 955 victimes.
En 2020, l’association installe son siège dans des locaux plus adaptés à son activité et à l’accueil des victimes, à Montgeron. Alors qu’elle demandait à la ville de Yerres de conserver les locaux précédemment occupés, cette dernière met fin à la convention, supprimant 24 places d’hébergement pourtant indispensables. A ce jour, l’association gère 141 places d’hébergement. Depuis 2011, elle a levé des fonds privés pour ouvrir 65 de ces places en collaboration avec des communes, des bailleurs sociaux et une association. Les 76 autres places sont financées depuis leur création en 2018 par la Préfecture de l’Essonne. Si l’on considère les 65 places non conventionnées, ces dernières impactent le budget de l’association à hauteur de 378 074€. La Direction s’est toujours mobilisée pour trouver des fonds privés afin de compléter des dotations publiques insuffisantes, qu’il lui faut renégocier chaque année.
L’association a été confrontée à une augmentation des besoins depuis la crise sanitaire et à une explosion des demandes, soit + 60%, elle a donc fait le choix de répondre en augmentant son nombre de professionnel.le.s et en maintenant son offre d’hébergement.
Le 15/09/2022, l’association inaugure la Maison Solidarité Femmes 91, première maison du réseau Solidarité Femmes en France. Notons que cette maison n’a pas été choisie pour son caractère ostentatoire, mais offre de nombreux services dédiés aux femmes et aux enfants victimes dans un cadre sécurisant et sécurisé. Rappelons que les conditions d’accueil et d’hébergement décentes, articulées à un accompagnement spécialisé évitent les retours au domicile, et de ce fait préviennent la récidive et favorisent la protection des victimes. Chaque année, ce sont plus de 10 000 passages recensés.
Face à la recrudescence des féminicides, dont 4 sur le territoire de l’Essonne l’an dernier, l’association décide d’ouvrir un SAS d’urgence permettant la mise en sécurité immédiate de 6 victimes depuis le 1er octobre 2022 et devient la seule à proposer ce service sur le département.
Depuis son ouverture, 76 femmes et enfants en ont bénéficié, orientés par les forces de l’ordre, les Maisons Départementales des Solidarités, les Centres Communaux d’Action Sociale, et le 115.
Concernant les accusations liées au salaire de la directrice, les chiffres annoncés laissent supposer qu’elle perçoit 140 000€ de salaire par an, ce qui est évidemment faux dans la mesure où il s’agit d’un coût global englobant les charges salariales et patronales, ainsi que les astreintes pour la tenue de la ligne d’écoute en soirée, les samedis, dimanches et jours fériés.
La directrice effectue 220 heures de travail mensuelles rémunérées et 365 heures de travail mensuelles à titre bénévole sur la base de l’engagement et du militantisme.
En 2021, le conseil départemental de l’Essonne demandera un audit par l’Inspection Générale du Département concernant la gestion de l’association, qui confirmera ces informations et ne relèvera aucune dérive.
Extrait du rapport du contrôle de la gestion de l’association Léa Solidarité Femmes – Octobre 2021 :
« Au regard des éléments recueillis et après sollicitation de la Direction des affaires juridiques et des achats du Département (DAJA), il apparaît, en l’état actuel du droit, que rien ne permet de contester la régularité de la rémunération de la directrice de l’association Léa. »
Lors de l’Assemblée Générale du 20/04/2023, le résultat des comptes fait apparaître un déficit s’élevant à 160 839€. Les difficultés financières de l’association sont structurelles, et sont liées directement à une offre de services indispensables et non financés pour une bonne part. L’association a toujours fait preuve de combativité en déposant plus d’une centaine de demandes de subventions tant auprès des organismes publics que privés, ce qui génère des problèmes de trésorerie liés à l’instruction des dossiers et aux délais de versement parfois très longs.
Nous déplorons une charge publique qui met à mal le travail acharné d’une association reconnue pour son engagement, son efficacité et sa probité. La ville de Yerres annonce l’ouverture d’un service d’aide aux femmes victimes et justifie la création de ce dernier en dénonçant de prétendues dérives de l’association, ce qui s’apparente plus à un procès d’intention qu’à une analyse objective des faits.
Cette charge vise principalement sa fondatrice et directrice Patricia ROUFF, qui mène depuis toujours un combat sans répit pour la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.
Les membres du bureau et du conseil d’administration, les bénévoles qui œuvrent à ses côtés et la Fédération Nationale Solidarité Femmes tiennent à témoigner leur solidarité et leur soutien moral vis-à-vis de l’équipe de direction et des salarié.e.s qui sont gravement impactés par ces attaques injustifiées, pour lesquelles l’association Léa Solidarité Femmes fait entièrement réserve de ses droits.
Personne ne peut imaginer les défis auxquels nous devons faire face chaque année, et les attaques personnelles ne sont qu’une illustration supplémentaire de la violence qui s’exerce au-delà de la cellule familiale. Tout cela contribue seulement à fragiliser une structure qui a surtout besoin d’être reconnue et soutenue, tant d’un point de vue politique que financier. Le risque réel est de voir cette association diminuer de moitié son offre de services, renvoyant ainsi des centaines de victimes vers les services de l’Etat et les collectivités, déjà embolisés et qui nous considèrent comme des partenaires incontournables.
Contacts :
- Présidente Isabelle AHLERS – isabelle.ahlers@leasolidaritefemmes.fr
- Directrice adjointe Sophie CARTRON – sophie.cartron@leasolidaritefemmes.fr